Les Ursulines à RONGERES...

les ursulines

Deux dénominations rongèroises peuvent intriguer les moins anciens d’entre nous : « Allée des Ursulines » et « Salle des Ursulines ». Ces deux lieux, proches de la Mairie, font référence à la présence d’une communauté de religieuses qui vécut dans les locaux actuels de la Mairie pendant plus d’un siècle.

I- Qui sont les Ursulines ?

                La « Compagnie de Sainte Ursule » (de sa première appellation) a été fondée à Brescia en Italie en 1535 par Ste Angèle Mérici (vers 1474-1540) canonisée par Pie VII en 1807. Il s’agit d’une fondation très originale pour l’époque, puisque orientée vers l’instruction populaire des filles, ce qui ne sera pas une priorité sociale encore pendant de longs siècles. Même si « encadrement et normalisation progressent plus que l’instruction » (1) car « l’enseignement se préoccupe plus de décence et de contrôle des corps que de savoir » (2), ces religieuses font figure de précurseurs.

La communauté d’Angèle Mérici sera mise sous la protection de Ste Ursule, martyre du IIIe ou IVe siècle. La légende de cette sainte trouve son origine dans une inscription du Ve siècle gravée sur une pierre de l’église Ste Ursule de Cologne (Allemagne) faisant état de massacres de jeunes vierges.

Même si son nom n’apparaîtra qu’au IXe siècle, le culte de Ste Ursule sera très important au Moyen Age. Ursule aurait été une princesse d’outre-manche qui, refusant le mariage avec un prince païen (peut-être le Hun Attila ?) aurait été massacrée avec ses dix compagnes. Leur martyre (plus sûrement dû aux persécutions romaines) a donné naissance à la légende des 11.000 Vierges par la mauvaise lecture de l’inscription de Cologne : XIMV étant lu « Onze Mille Vierges » alors qu’il s’agirait plutôt de « Onze Martyres Vierges ».(3)

II- Les Ursulines de Rongères

Ce chapitre est inspiré du manuscrit de l’abbé Vigier, curé de Rongères de 1903 à 1942. (4)

                C’est en 1832 que deux religieuses viennent s’installer à Rongères pour assurer l’instruction des enfants dans une école mixte située dans la maison qui était attenante à l’église. Ce ne sont pas des Ursulines mais des Sœurs de la Providence envoyées par le couvent de Portieux dans les Vosges.

                Vers 1850, leur Supérieure, Soeur Thérèse Mourey les rappelle dans leur maison mère. L’une d’elles, sœur Saint-Louis, demoiselle Elisabeth Henrion, originaire de Magnet, refuse de repartir et cherche alors à fonder une communauté religieuse, se fondant sur ses seules ressources (elle possédait une propriété à Magnet). Un accord est trouvé entre elle , l’évêque de Moulins, Monseigneur de Dreux-Brézé, et le curé de Rongères, Monsieur Bouchard. Cette nouvelle communauté se dote d’un costume et  prend le nom d ‘  « Ursulines de Marie Immaculée ». Elle est autorisée le 13 août 1867. Sœur St Louis vend sa propriété de Magnet et achète celle des « Cailloux » à Rongères pour continuer à subvenir aux besoins de sa communauté. Monsieur Bouchard, grâce à des dons généreux, fait construire le couvent, agrandi plus tard par Sœur St Louis.

                En 1883, le nombre de novices est tel que le couvent devient insuffisant et par trop incommode. La communauté achète le prieuré de St-Germain-des-Fossés à Monseigneur de Dreux-Brézé pour s’y installer le 5 septembre. Elle y demeure jusqu’en 1904. Seules deux religieuses restent à Rongères pour y assurer la continuité de l’école confessionnelle.

                La loi de 1901 sur les congrégations provoque la fermeture de beaucoup d’écoles et la sécularisation d’un grand nombre de religieuses. La communauté de St-Germain est encore autorisée comme hospitalière et, de concert avec Monsieur Melin, son supérieur et protecteur, elle décide de revenir à Rongères afin de bénéficier « d’un asile plus sûr ».  Le 4 mai 1904 quinze religieuses arrivent avec Mère Marguerite comme Supérieure.

Leur école de Rongères périclitait et Monsieur Melin la fait fermer. De ce moment, les Ursulines se consacrent essentiellement aux soins et aux visites de malades.

III- L’école (4)

                En 1856, 8 élèves fréquentaient l’école contre une rétribution de 3F par trimestre.

                En 1865, on compte une moyenne de 15 enfants payants. Les indigents sont alors admis gratuitement et la Commune reverse aux Ursulines une indemnité de 75F par an.

                De 1851 à 1866, l’enseignement est dispensée dans la maison d’école attenante à l’église. A l’ouverture de l’école publique de garçons, les filles seront reçues dans une des dépendances du couvent.

                Le 31 janvier 1904, Sœur Stanislas ferme son école et les 7 filles rejoignent l’école publique de filles créée depuis 1889.

IV- Quelques événements (5)

                En 1870, on installe une balustrade dans la chapelle de la Ste Vierge. Elle sera déplacée à l’entrée de l’enclos des Ursulines. L’année suivante, Mme la Supérieure demande l’autorisation au Conseil de Fabrique (6) de clore la chapelle Ste Madeleine par une balustrade en fonte. Cette demande obligera le curé Bouchard à fournir une seconde balustrade identique pour faire le pendant de l’autre côté. Le Conseil de Fabrique ayant refusé, il y sera contraint par M. Barrichard, vicaire général, lors d’une visite chez les sœurs. Les travaux ne se termineront avec la peinture qu’en 1875.

                En 1873, les Ursulines font don à l’église d’une garniture de nappe d’autel.

                En 1909 deux religieuses participent au pèlerinage de Lourdes.

                En 1910, le curé Vigier est aidé par les Ursulines pour le catéchisme.(4)

                En 1911, les Ursulines créent un patronage de jeunes filles. Les plus grandes s’adonnent aux travaux d’aiguilles (couture, broderie) mais aussi au repassage et les plus jeunes ont des activités en rapport avec leur âge et révisent leur catéchisme. Ces activités perdureront jusqu’aux années 1930. Pour cela, on construit une salle de réunions grâce aux dons de M. et Mme de Villette, alors propriétaires du château du Méage. Les plus grandes filles y organiseront un théâtre pour les fêtes de Noël pendant de nombreuses années.

Pendant la guerre de 1914-1918, le curé étant mobilisé, c’est l’aumônier de Gayette qui vient dire les messes pour les Ursulines, presque tous les jeudis. Celles-ci assurent l’intégralité du catéchisme.

                En février 1919 les Sœurs donnent à l’église une statue de la Vierge de Lourdes et le 11 mai une statue du Sacré-Cœur mesurant 1,60 m provenant de leur maison de St-Germain et qui sera installée au fond du chœur, derrière l’autel.

V- Le couvent (7)

La Mairie actuelle reprend donc les bâtiments de l’ancien couvent, moins le « théâtre » qui se trouvait entre la Mairie et le terrain de M. et Mme Grenier et qui a été démoli en 1981, ainsi que des appentis qui se trouvaient en façade.

Au rez-de-chaussée, on trouvait de gauche à droite :

- la chapelle (actuelle salle des mariages)

- le salon où était reçu l’évêque de Moulins lors de ses visites.

- la salle à manger (actuelle bibliothèque – il n’y avait pas le couloir)

- la cuisine (même lieu) 

- la salle de patronage (première partie de la salle du Conseil)

- une autre salle qui devait servir de chambre à donner (deuxième partie de cette salle)

Au premier étage, se trouvaient les chambres les plus spacieuses dont celle de la Mère Supérieure.

Au deuxième étage, étaient les cellules, chambres de très petites dimensions qui ne pouvaient contenir qu’un petit lit, une malle et une table de chevet. Tout à droite était le grenier. A gauche sur le palier se trouvait curieusement la réserve de charbon qui alimentait l’énorme cuisinière du rez-de-chaussée !

A l’arrière du bâtiment, on voyait le jardin des sœurs qui s’étendait à l’emplacement de l’actuelle « salle des Ursulines » et du lotissement.

VI- Le couvent devient Mairie (8)

                Dans les années 1960, la dernière religieuse, Sœur St Jean, quitte le couvent pour se retirer à Vichy, à la « Villa paisible », maison de retraite des Sœurs de N.D. du Bon Secours de Troyes.

                Le Conseil municipal du 12 juin 1970 projette d’acquérir «  la monastère et ses dépendances ainsi qu’une parcelle de terrain » pour 58.000 F. L’achat sera réalisé en 1971.

                La Mairie envisage alors deux projets : soit reconstruire une Mairie neuve, soit rénover l’ancien bâtiment. M. Martin, architecte, dresse un projet d’aménagement de l’immeuble et le Conseil municipal du 5 mai 1972 se prononce pour la démolition par 6 voix contre 3 pour la réfection.

                Un nouveau projet de construction est demandé à l’architecte. Celui-ci s’élève à 411.800 F pour une Mairie et une Maison des Jeunes et à 114.400 F pour un lotissement. Il est approuvé par 7 voix contre 2 et un bulletin nul le 22 janvier 1974. Il est cependant décidé d’effectuer un référendum. Celui-ci se déroulera le 22 février et donnera les résultats suivants :

- votants : 265

- pour la construction : 95

- pour la rénovation : 96

- sans avis : 74

Le Conseil municipal s’étant engagé à respecter le résultat du référendum, le couvent sera réhabilité.

                Le 7 novembre 1974, le Conseil municipal choisit la société Barbot qui fournira pour un montant de 91.410 F la salle de réunions (actuelle salle des Ursulines).

                C’est à partir du 15 septembre 1974 que les services de la Mairie s’installent dans leurs nouveaux locaux. L’ancienne Mairie est alors transformée en salle de restauration pour les écoliers.

 

(1) Michel Fiéret in «  l’invention de l’école des filles » – Imago – 2006

(2) www.centre-merici.org et www :ursulines-ur.cef.fr 

(3) d’après Christian Van den Berghen : Ste Ursule et les Onze Mille Vierges

(4) Rongèrinfos, revue de l’école publique de Rongères 1997

(5) Abbé Vigier, manuscrit non publié

(6) Conseil de Fabrique : groupe de laïques chargé de gérer les biens d’une paroisse

(7) Souvenirs de Mme Jallet

(8) Comptes-rendus du Conseil municipal

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